Vous levez souvent les yeux vers les étoiles ? Vous regrettez de ne pas pouvoir être témoin de l’expansion de l’humanité dans le système solaire ? Il vous reste quelques heures pour souscrire à la VF de High Frontier, qui a dépassé les 250 souscripteurs en français. J’en profite, pour ceux qui débarquent, et pour les autres, j’aborde ici quelques « modules » que j’imagine, et qui donne une idée de la profondeur du jeu. Au cas ou cela en inspire déjà certains, un forum VF est ouvert et va s’étoffer en mini site.
L’intérêt de High Frontier réside dans sa simulation à la fois poussée et qui reste très abordable à travers la modularité. Tout y passe, depuis la mécanique céleste, les diverses technologies (émergentes) qui permettent de produire et de naviguer dans l’espace, jusqu’aux combats dans le vide, et aux formes que prendront les sociétés futures. Oui mais, on peut encore aller plus loin….
Un mode coopératif ?
Vous avez probablement (si vous êtes ici) déjà entendu parle du projet « Moon Village » de l’Agence Spatiale Européenne (ESA). Ils ‘agit d’une sorte de « cadre conceptuel » envisageant l’installation sur la lune un peu à la façon de la Station Spatiale internationale, comme une entreprise commune ou chaque trouve sa place, plutôt que comme une compétition forcenée.
Plus que n’importe quelle agence, l’ESA, de par sa nature même, est portée à envisager l’accès à l’espace sous l’angle de la coopération. Elle est probablement l’agence qui collabore le plus avec les autres, régulièrement courtisée par les Russes (qui avaient par exemple proposé une mission lunaire basée sur l’ATV Européen) autant que les américains, voire les Chinois.
Plus largement, le fait est que la coopération s’impose aujourd’hui du fait du poids des investissements (malgré les souhaits des militaires, de Washington à Pékin). Rappelons quand même que jusqu’à aujourd’hui, les astronautes américains dépendent des Soyouz pour accéder a l’espace et à l’ISS ! du « temporaire » qui dure depuis longtemps.
Or dans High Frontier le jeu est essentiellement compétitif. La faction ESA (ainsi que l’ONU représentant les autres nations et dans une moindre mesure la JAXA) devraient donc, mécaniquement être incités a coopérer et/ou en obtenir des bénéfices spécifiques. La contrepartie étant la moindre capacité militaire. Le jeu pourrait alors fonctionner selon un mode assez différent, semi compétitif…
Budgets & Politique
Dans une perspective complémentaire, le jeu considère que chaque agence a le même budget…or non seulement ce n’est pas le cas, mais plus fondamentalement, la façon dont ils peuvent/veulent prélever de la richesse nationale pour l’investir dans le spatial n’est pas la même. Au delà de leur richesse nationale, des pays autoritaires comme la Chine ou la Russie sont moins dépendant de l’opinion publique et des tractations politiques. Les tractations politiques auxquelles doit se livrer la NASA sont connues, mais les problématiques de l’ESA sont encore beaucoup plus complexes, l’agence étant construite sur le principe de programmes communs et de « retour sur investissement » de chaque Etat. En théorie, rien n’empêche l’ESA de faire de l’Europe la première puissance spatiale . La richesse mobilisable est identique à celle des USA, il existe une tradition d’interventionnisme et le tissu scientifique y est encore plus développé. Mais, par exemple, le système de GPS Galileo, en gestion pendant 20 ans, n’a pu sortir des interminables disputes nationales que lorsque l’UE l’a financé au nom de l’intérêt général européen…avec une part du budget PAC non utilisée !
A cela, il faut ajouter les questions de géopolitiques. L’Allemagne, plus gros contributeur à égalité avec la France, suivi de l’Italie. Mais les italiens et les français sont les plus investis dans les projets les plus « ambitieux » concernant la présence humaine dans l’espace. Toutes les années 80, dans le sillage d’Ariane, sont ainsi marquées par le projet Hermes….
Pour ceux que les relations dangereuses entre conquête de l’espace et (geo)politique intéressent, la lecture du roman « Le printemps Russe » de Norman Spinrad est un objet littéraire non identifié des plus fascinant, ou justement l’ESA est au coeur du jeu.
Des modules uchroniques ?
Alors justement. High Frontier pourrait tout à fait proposer des modules reposant sur de l’histoire alternative, sans altérer sa dimension de simulation. C’est par exemple ce que fait Stephen Baxter à plusieurs reprises dans ses romans. Le plus précis dans le genre étant certainement Voyage, qui imagine une continuation du programme spatial américain et un vol vers mars en 1985. Dans deux autres romans, il imagine ce qu’il sera possible de faire à partir ce qui existe aujourd’hui pour un moindre cout, sans attendre.Ainsi, dans Titan, la navette spatiale bricolée est envoyée sur la lune de Saturne. Et dans Poussière de lune, un retour sur notre satellite est improvisé à partir d’une coopération américano-russe et vieux engins bricolés. Il faut dire que dans les deux cas, la terre est condamné à court terme, ce qui motive les protagonistes (et ferait un bon ressort de jeu collaboratif)
Dans un genre un peu plus « fantasy », A World of Difference, de H. Turtledove image une version alternative de Mars, Minerva, similaire a la terre et habitée par une race intelligente. Forcement, lorsque les sondes Viking le confirme, la conquête de l’espace se poursuit, et, en 1989, la guerre froide bas son plein pour apporter les bienfaits du socialisme et du monde libre aux indigènes.
Bref, la campagne pour High Frontier se termine. L’aventure commence.