Avec le financement de Libreté, qui devient de facto la première création pbta française publiée, une étape est franchie. Au coté du succès de Dungeon World et des jeux traduits par la Caravelle (4 jusqu’ici), les jeux pbta avaient bien besoin d’une « maison ». C’était prévu depuis longtemps. Voici donc maintenant la phase 2 du AWDP (Apocalypse World Domination Plan) qui se réalise, avec la création d’un vaisseau-mère francophone pour ces jeux là: pbta.fr. Pourquoi, comment, et pourquoi les jeux « apo » ? Tout, vous allez tout savoir si vous prenez 5 minutes pour lire ce qui suit.
A quoi ça sert et comment ça marche ?
pbta.fr est donc le site des jeux « Powered By The Apocalypse » (propulsés par l’apocalypse), en langue française.
Son principe de fonctionnement: un site général pour les jeux/l’actualité pbta en français, ainsi que des sites spécialisés ouverts à l’initiative de joueurs ou de groupes de joueurs.
Ces sites spécialisés sont totalement indépendants et personnalisables « a l’infini » (ou presque), mais reliés par le même nom de domaine pbta.fr (exemple dungeonworld.pbta.fr). Vous pouvez donc y accéder directement ou via le site pbta. Toute actualité sur le site dungeonworld peut être automatiquement répliquée sur pbta.fr
Ce site communautaire appartient donc totalement aux joueurs. 500NDG assure l’hébergement et un minimum de contrôle en amont (sur les questions légales de dernier recours), mais l’administration comme la modération est assurée par les membres. 500NDG n’intervient pas au delà de ces deux missions minimum pour assurer la permanence et l’intégrité du site.
Cela signifie notamment que tous les jeux sont bienvenus, qu’ils viennent d’autres maisons d’éditions, soient des créations ou des initiatives de traduction privées. Le site est doublé d’un forum privé (accessible sur demande) permettant de faire les premiers pas, contacter les admins et discuter plus largement de l’organisation entre vous.
Ses objectifs :
- Fournir des outils à la communauté : pour mettre en ligne ses suppléments, fiches, traductions, jeux, de manière pérenne et ouverte. Je pense en particulier au plus célèbre d’entre eux, Dungeonworld, qui a déjà son site et ses ressources.
- Assurer une visibilité: au delà des jeux, promouvoir le « système » pbta en tant que tel en présentant les jeux cote à cote.
- Fournir du contenu concret : le forum, le wiki (avec déjà le guide de création et l’intégralité des règles de DW) une base d’hébergement garantissant le long terme, etc…il accueillera aussi très bientôt la plupart des jeux pbta en accès libre traduits par la Caravelle.
A la différence d’une plateforme indépendante, le site vous offre des outils performants et surtout un environnement cohérent. Bref, il est entre vos mains, il sera ce que vous en ferrez.
Une équipe s’est déjà constituée pour la gestion, et des sites commencent à pousser. Pour devenir contributeur occasionnel ou créer le votre, il suffit de me mailer à Maitresinh AT Gmail POINT com pour que je vous crée un accès sur le forum privé et vous laisse en mains de l’équipe. il n’y a aucun engagement autre que celui que vous voulez et pouvez avoir. C’est votre site.
Pourquoi les « pbta »: un avenir radieux ?
Les jeux « propulsé à l’apocalypse », comme Fate, sont les deux systèmes qui remportent le plus d’adhésion aux USA, avec un dynamisme impressionnant en terme de création. Mais ce n’est pas par simple suivisme que 500NDG mise la dessus. Contrairement a Fate, qui reste dans le paradigme du JDR Classique, les jeux pbta, en apparence jeux de rôles « normaux » s’en éloignent. En un mot : le système ne s’intéresse plus à la réussite/échec en tant que telle, mais la fiction elle même.
Ils ont donc cet avantage de conserver la configuration traditionnelle au premier abord (MJ-joueurs) tout en renouvellement très profondément l’activité. Au point même que le système est souvent difficile à maîtrise pour les rolistes confirmés.
En vrac, voici quelques « symptômes » qui distinguent clairement ces jeux de la plupart, et ce que cela apporte :
- Pas de « création de perso » : les personnages sont des « éléments fictionnels » du jeu, ils s’insèrent dans une fiction, comme les pièces d’un puzzle. Ou plutôt, comme si un scénariste avait mitonné des personnages riches et vous laissait les personnaliser. Donc dans les jeux pbta, pas de personnages MAIS des livrets de personnages personnalisables en choisissant des options. Rien à voir avec des « pré-tirés »
- Pas de « Background » séparé : pas de dichotomie « système/background » comme dans la majorité (sinon la totalité) des JDR. Ça ne veut pas dire que les jeux sont « incomplets », au contraire. Cela veut dire que tout ce qui est utile est du game design. Rien n’est en dehors du système. En outre, les jeux pbta se basent davantage sur une problématique qu’une « arène » (décor). Ce qui importe ce n’est pas ou et quand, mais « quel est le probleme ». Cette « disparition » des pavés de background rend aussi les jeux plus accessibles et permet d’envisager de nouvelles articulations fiction littéraire/jeu (comme ce que nous travaillons sur ExoGlyphes notamment avec la Laverie, j’aurai l’occasion d’en reparler).
- Un « système »….non générique : à ce stade, il faut préciser que, à la différence de Fate (et des autres systèmes), il ne peut pas il y a avoir de « système » générique adaptable, puisque les éléments fictionnels sont complètement liés au système. Par contre, il y a un « modus operandi » que Bastien Wauthoz (encore lui), a d’ailleurs développé dans la Caravelle, et qui est accessible sur le wiki (mais a mon sens, pas clos pour autant, comme j’essaie de le montrer avec ces tentatives de guide de création procédural)
- Les joueurs au centre de tout : comme les séries télé, les jeux pbta mettent les personnages au centre de tout. Ni le scénario, ni l’univers, ni le MJ. Tout part des personnages de leurs relations entre eux et avec l’univers dont la tension va faire avancer l’histoire. Outre le fait que ca correspond a la pratique des séries télé (et de la fiction plus généralement), c’est aussi un retour à un certain bon sens, puisque ce sont quand même les joueurs qui vivent l’aventure…
- un MJ-joueur: le MJ n’est pas le « puppet master » en dehors du système, seulement contraint par lui. Il est dedans. Chacun de ses actions est une action du système, comme pour les joueurs. Il a réellement la place d’un metteur en scene ou d’un scénariste qui aime ses personnages et avance avec eux en veillant a la juste dose de conflit. Avec ce système, on sort définitivement d’une autre dichotomie du JDR, entre « railroading » et « sandbox », entre le MJ qui a « tout prévu » et celui qui mise tout sur l’impro.
- Un jeu « naturel »: le système se fait invisible. Encore plus que Fate, il est presque totalement qualitatif. On manipule directement les éléments de la fiction, très peu ou pas du tout des « stats »
- Une accessibilité forte pour les non joueurs: l’aspect naturel fait que lire un jeu pbta a du sens, même pour un non-joueur, car on y découvre la fiction décortiquée, action par action ! C’est un peu comme lire une « bible » de série télé. Si on y ajoute la rapidité de mise en place, l’absence de préparation, et la simplicité absolue, les jeux pbta présentent des attraits tous particuliers pour les non-joueurs et la propagation du JDR hors de ses limites. A noter que malgré le thème initial de Apocalypse World, c’était bien la l’intention de V. Baker, comme il explique lui même sur son site.
- Une expérience renouvelée du game design : conséquence des points précédents, créer un jeu « pbta » est une expérience exigeante (et enrichissante) de décorticage et de recomposition d’un genre fictionnel. Le game design ne consiste plus a « traduire » un « univers » en probabilités, mais a démontrer les ressorts fictionnels. C’est ce que j’essaie de montrer « en direct » avec le projet Horreur Cosmique : étranges éons
Tout cela méritait bien un site, compte tenu de la ligne éditoriale et des objectifs de 500NDG.
A suivre
Faut il le préciser, il y aura une étape 3 du « AWDP ». Ce sera en avril 2017. Et autant ne pas faire les choses à moitié : une grosse campagne présentera d’un seul coup plusieurs jeux pbta (jusqu’à une dizaine), versions complètes de jeux proposés dans la Caravelle (Urban Shadows), nouvelles traductions et créations. C’est vous qui déterminerez l’ordre dans lequel ils seront proposés (par paliers de 5000-6000 euros) lors d’une prochaine consultation. Dans tous les cas, les jeux pbta sont une des priorités de 500NDG en 2016, et le seront d’autant plus en 2017, à la fin de laquelle la situation devrait avoir notablement changé.
Rendons enfin à César. Des joueurs de bonne volonté sans les compétences et le travail desquels tout cela ne serait pas possible. Le Grand Schmurtzy pour avoir réalisé le site avec la collaboration d’Olivier Briat. Chapeau bas pour le boulot et la gentillesse. Acritarche, qui est tombé dans Dungeon World avec la V1 mais aussi dans le pbta et sans qui rien ne serait possible. L’ami Sokol pour la (belle) tapisserie, la peinture et les meubles. Tu es tombé du ciel ! Emsquared pour l’administration très compétente et la mise en ordre du contenu. Et tous les joueurs que j’oublie-la-tout-de-suite (désolé). Un grand merci à tous ! (on va éviter les bisous parceque ça pique).