Suite à l’enquête précédente sur la diversité des JDR de l’époque du boom, voici un petit compte rendu des 81 réponses rédigé par Philippe le troisième (désolé phil). Pour en savoir plus sur « Geeks and Dragons », ou apporter votre grain de sel, ça se passe par ici.
Tout le monde ne pratique pas le JdR de la même façon. Tout le monde ne pratique pas non plus les mêmes JdR. Si on en croit le dernier sondage, qui traite des « seconds couteaux » – c’est-à-dire les JdR autres D&D et l’Appel de Cthulhu, les mastodontes de l’époque, la preuve en est évidente. Vos JdR fétiches ne sont pas forcément les plus célèbres ni les plus répandus.
Mais alors pourquoi ? Univers ? Système de jeu ? Expériences personnelles ? Un peu de tout ça en même temps ?
Parmi les jeux les plus joués, on retrouve Star Wars D6 (a gauche sur le graphique), le duo Stormbringer/Hawkmoon, et Vampires. Trois salles, trois ambiances différentes. Un peu en retrait, on trouve Shadowrun (dans ses itérations les plus anciennes), puis Rêve de Dragons, RuneQuest, INSMV et JRTM. Et puis, il y a une poignée d’ « originaux » (décidés à bousculer l’ordre établi ?), et qui pratiquaient Maléfices, MEGA (3eme en partant de la gauche. Le plus « non joué » qui n’est dépassé que par Paranoia, qui ne fait ici l’objet d’aucune pratique régulière), et même les Trois Mousquetaires, c’est dire ! Je plaisante en parlant d’originaux, car ce sont là aussi d’excellents jeux, auxquels j’ai moi aussi joué.
Les jeux déclarés le sont plutôt par des MJ dans 75 % des cas
En ce qui concerne la pratique de ces jeux, c’est très majoritairement pendant la période lycée/fac que tout le monde à joué – forcément, c’est là où il était plus facile de sécher (euh, non, pardon, ça, c’est moi, je m’égare^^) et d’avoir les plages horaires les plus larges complètes.
Pourquoi ces jeux se sont donc retrouvés sur les tables ? En ce qui concerne Star Wars, par exemple il est évident que la sortie de la première trilogie a eu un fort impact. Et même si le Lucasfilm de l’époque ne possédait pas la puissance médiatique de l’empire Disney d’aujourd’hui, il était difficile de passer à côté. De plus, le système de WEG donnait la part belle à l’action. Il était donc facile de se plonger dans la peau des différents protagonistes. Star Wars est et restera malgré tout Star Wars, et ce n’est pas rien. Rien d’étonnant donc que le jeu ait été autant pratiqué (et qu’il l’est toujours par certains d’entre vous, d’ailleurs).
« Star Wars d6. Une campagne de 30 ans. Un des joueurs aujourd’hui est le fils du MJ ! ».
Warhammer tient lui aussi la dragée haute aux deux mastodontes, et la campagne de l’Ennemi intérieur est aussi souvent citée. Contrepied de la fantasy flamboyante de D&D, Warhammer et sa dark fantasy ont joué presque à armes égales avec D&D et sa high fantasy colorée. Il faut dire que cette campagne est particulièrement mémorable.
Les souvenirs de cette époque sont tous « heureux ». Que ces parties/campagnes aient été une réussite ou un échec, les souvenirs que chacun en garde sont mémorables.
D’ailleurs, à la question « que vous reste-t-il de tout ça aujourd’hui ? », si la majorité à répondu par les livres/feuilles de perso/etc, la réponse « des amis » est bien la preuve de l’importance de la pratique de ces jeux à l’époque.
Une autre réponse, elle aussi significative, de ce que peut représenter le JdR : « Peu de choses, c’est dans la maison de mes parents, pas perdues mais à la fois si loins et si proches ».
Certains jeux, plus confidentiels, sont aussi mis à l’honneur. Je parlais plus haut des 3 Mousquetaires. L’univers de cape et d’épée des romans de Dumas est lui aussi porteur d’imaginaire. Le jeu publié par FGU porte haut la flamme de ces joutes autant verbales qu’à l’épée. Ici, même si le système est plutôt rigide, est d’une grande précision. Et l’envie des joueurs et du MJ fait le reste…
« Un copain, Thierry, jouait donc un soldat. Nous étions non loin de Chartres mais nous étions perdus. Le personnage de Thierry décide donc de demander son chemin à un paysan qui travaillait dans son champ. Il commence par un « dites donc mon brave… » Le paysan répond. Le ton monte. Attaque. Le paysan donne un coup de fourche à Thierry qui…. Meurt. Mémorable
Et même dans cet univers si ancré dans notre histoire, un MJ plein d’imagination pouvait faire sortir les joueurs des sentiers battus.
À la question sur les meilleures campagnes jouées, le même joueur répond :
« La main noire, une campagne de mon copain Olivier, entre Dumas et Frankenstein… »
Ambiance, souvenirs, système, copains… C’est tout ça qui, finalement définit vos JdR fondateurs. Qu’ils soient connus ou plus confidentiels, ils représentent à vos yeux ce que vous aimiez retrouver autour d’une table entre amis… Le cyberpunk de SR, Ambre et son système particulier, l’onirisme de Rêve de Dragons… Autant d’univers, autant de joueurs… Pour certains de ces jeux, c’est l’univers qui vous y a amené. Pour d’autres, c’est le système (qu’il soit simple, avec des brouettes de dés et de tables, ou plus porté sur la narration). Dans tous les cas, les souvenirs de ses parties sot impérissables…
1 joueur sur 5 y joue encore régulièrement.
Et ces derniers ont la vie dure. Un certain nombre d’entre vous poursuivez la pratique de ces JdR « de cœur », même si, évidemment, les parties sont plus espacées.
De plus, les reboot de vos jeux favoris n’ont en général pas la côte. Même si vous êtes assez nombreux avoir acheté une nouvelle version de votre jeu fétiche, vous préférez majoritairement continuer avec la version de l’époque. Le rôliste est donc si nostalgique ?
Dans tous les cas, la diversité du JdR est talle que chacun a trouvé chaussure à son pied. Et nul n’est besoin de beaucoup de choses pour y prendre du plaisir… Quelques amis, des livres (à l’époque en anglais pour la plupart (et quelquefois photocopiés ^^), des dés polyédriques et un minimum d’imagination. C’est bien ça le principe fondateur du JdR.