Suite des haikus rolistes. Après déconstruction du marronnier du « jeu simplifié », voici venu le temps de la glose terminologique, autour de ‘ »c’est du jeu de rôle / c’est pas du jeu de role ». Pour cela, un petit détour par la naissance du terme de « Jeu de rôles ».
Pendant une bonne dizaine d’années de la première version de Dungeons and Dragons au début des années 80, le terme de « Role playing Game » n’était pas « officiellement » utilisé.
Durant les années 70, il n’existait pas du tout. Et non pas par manque d’imagination.
L’édition originale du jeu de Gary Gygay et tous ses suppléments sont sous titrés » Regles pour des campagnes de Wargame Médiéval fantastique jouables avec un crayons et du papier et des figurines ». Dungeons and Dragons est un Wargame. Cela n’a rien d’étonnant puisqu’il issus des concepts et de la communauté des Wargameurs. Mais c’est un Wargame « différent ». On ne sait pas trop ou le classer. Il faut préciser. Ce n’est pas facile, d’ou le nom à rallonge.
Jon Peterson, dans « Playing at the world » fait un véritable travail d’historien sur l’apparition du jeu de rôle (dont au moins la moitié de l’ouvrage consacré à ses racines dans le wargame) et montre à quel point ce Wargame connait un énorme succès…mais surtout en dehors des cercles de Wargameurs.
Et la clef de ce succès, c’est d’abord l’introduction de l’imaginaire, par opposition à la réalité historique. J. Peterson montre le violent rejet de la communauté des Wargameurs au cours des années 60 envers tout wargame « mediéval fantastique », qui a d’une certaine mesure retardé l’innovation.
Gary Gygay lui même, avec son Chainmail, n’introduit cette possibilité que dans une annexe, en prenant de la distance prudente. Ce qui ne l’empêchera pas de se faire durement critiquer.
« Même pas du vrai wargame » dit la communauté.
il faut bien nommer la chose pour savoir a qui elle se destine. Le terme de « Role playing » , emprunté au monde de la psychologie, apparaît des le « basic set » du jeu, a la fin des années 70 pour qualifier ces jeux. Mais il toujours accompagné du terme « Fantasy », qui ne désigne pas le genre littéraire « medfan » mais les « cultures de l’imaginaire ».
C’est un « jeu de l’imaginaire ».
Ainsi, les « communautés » permettent à un genre de fleuri et de se développer…. mais exercent aussi, ensuite, un contrôle normatif sur les formes de ce développement, et empêchent les innovations en dehors d’un cadre. Déviant à l’intérieur de la communauté des wargameurs, D&D a rapidement donné lieu a une communauté à l’extérieur, en répondant à de nouvelles valeurs et aspirations. Le vilain petit canard etait un cygne (en puissance).
On connait la suite. Le terme de Role playing est devenu un emblème identitaire, et à fait flores récupéré par le jeu vidéo. Aujourd’hui des nouvelles formes « bizarres » de Jeu de rôle apparaissent. On ne sait trop comment les appeler. « Narratifs ? » Narrativisite ? Indépendant ? En design cohérent ? « . La plupart s’en tiennent éloignés, car ça ne répond pas à l’expérience qu’ils attendent…ou tout simplement échaudés par ces excentricités. Ils préfèrent les « vrais » jeux de rôles.
L’histoire se répète.
Mais ça en est une autre, pour le prochain Haiku.